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C'est du lyonnais...

Published on 14/02/2024

"On a trouvé une gâche sans problème. Les gones étaient contents !" Vous ne comprenez qu'un mot sur deux ? C'est du lyonnais ! Le parler lyonnais, inspiré du franco-provençal, n'est plus vraiment utilisé mais quelques mots et expressions surgissent parfois au cours de la conversation. Voici quelques pistes pour parler comme un lyonnais…

1. "Bambaner"

Un bien joli mot qui désigne l'action de flâner sans but précis, le nez au vent. Promenade plaisir, digestive, zen et nonchalante, la "bambane" s'utilise aussi pour dénoncer l'indolence et la lenteur d'un individu, le terme remplaçant alors les vocables traîne-savates, feignasse ou mollasson.

2. "La vogue"

C'est le petit nom local de la fête foraine. La plus connue, La Vogue des marrons, s'installe chaque année, de début octobre au 11 novembre, autour du boulevard de la Croix-Rousse. Avec ses nombreux manèges, ses "auto-tamponnantes" comme on dit ici et ses fameux marrons chauds (d'où son nom), l'événement remporte chaque année un franc succès. Au grand dam de certains riverains !

3. "Les pieds humides"

Drôle de nom pour une buvette ! Et pourtant… L'expression évoque les pieds des clients des kiosques de Lyon qui se restauraient les pieds dans l'eau en cas de pluie alors que le tenancier était à l'abri ! Initialement nomades, ces "bancs de soupe ou de tisane", ancêtres des food trucks, servaient boissons, soupes, matefaims et marmites chaudes aux travailleurs de l'aube et commerçants des marchés. Puis, ils se sont sédentarisés. En 1902, on en comptait 91 à Lyon. Il n'en reste aujourd'hui qu'une douzaine.

4. "Les arêtes de poisson"

Il ne s'agit pas d'un plat qui fait la réputation de Lyon, mais d'un réseau de galeries souterraines caché sous la Croix-Rousse. Formé d'une galerie principale (colonne vertébrale) et de nombreuses latérales (les arêtes), ce labyrinthe s'étend sur 1,4 km. Sa particularité ? Nul ne sait dater ces tunnels avec précision ni à quoi ils servaient. Mais chacun a sa théorie ! Vestige gallo-romain, espace de stockage militaire ou cachette des Templiers… Les arêtes de poisson, interdites au public, n'ont de cesse de faire fantasmer les Lyonnais !

5. "Une gâche"

Surtout, prononcez bien l'accent circonflexe, sinon, ce ne serait pas vraiment du lyonnais ! "J'ai trouvé une bonne gâche" est en effet une expression très courante désignant aussi bien une place de parking qu'un emploi. Dans ce dernier cas, une bonne gâche suggère, au choix, que vous êtes bien rémunéré ou que vous êtes planqué ! Question de mentalité…

6. "Un mâchon"

Généralement servi aux aurores dans les fameux bouchons lyonnais, le mâchon est un copieux casse-croûte matinal hérité des canuts. Composé de cochonnaille ou de tripes, il s'arrose de pot de Beaujolais ou de vin de Mâcon. De nombreux bouchons perpétuent aujourd'hui encore la tradition invitant les curieux à "mâchonner" à l'heure où d'autres prennent leu café.

7. "Cher"

Le parler lyonnais est vivant et s'enrichit de nouvelles perles au fil du temps. ne vous étonnez donc pas d'entendre diverses expressions tout droit sorties de l'imagination de nos gones. En voici une très usitée : "cher". le mot qui signifie "très" ou "beaucoup" s'emploie à toutes les sauces: "les bugnes, c'est cher bon", "le festival était cher bien", "il y avait cher du monde"... Tendez l'oreille dans le métro ou dans les cafés, vous l'entendrez à coup sûr !

8. "Fenotte"

En "parler lyonnais", la fenotte désigne une dame. Le mot s'emploie dans un sens aimable, par exemple : "J'ai trouvé dimanche aux Charpennes, une petite fenotte, gentille comme cinq sous". Notons en effet que l'originalité de notre patois réside dans le fait de définir les personnes en fonction de leur caractère. Aussi, en opposition, on peut dire d'une femme que c'est une "cancorne", une "raffouleuse", une "radoteuse" ou une "bigorne"... rien de très bragard !

9. "Cuchon"

On pourrait traduire ce joli mot par "tas". Il s'emploie encore un peu à toutes les sauces. En cuisine, un cuchon de farine s'ajoute à un pochon de lait (ce n'est pas très précis, on en convient) pour préparer la pâte à matefaim, fameuse et épaisse crêpe lyonnaise. Par extension, le mot désigne aussi le fait d'être agglutiné. Ainsi peut-on voir des gones en cuchon à la sortie des lycées, ou selon l'expression pittoresque, "être à cuchon" le matin dans le bus ou le métro !

10. "Casse-vin"

Les canuts, des précurseurs ? Outre le mâchon, ancêtre très matinal du brunch, ils ont inventé le casse-vin bien avant l'afterwork et l'apéro ! Plus rustique certes, ce casse-croûte partagé en fin d'après-midi se composait de plats typiques : salade de pommes de terre et harengs ou lentilles, pâtés en croûte ou charcuteries, arrosés de pots de vins régionaux. Une tradition remise au goût du jour par Le Bouchon Sully qui en propose une version contemporaine chaque premier jeudi du mois (sauf en août) dès 18h.

11. "Quand moi..."

Cette petite formule d'initiés typiquement locale est utilisée pour exprimer l'idée qu'on fera quelque chose ou qu'on ira quelque part à son rythme, quand on le voudra bien. Par exemple : "J'irai faire les courses quand moi." ou : "Tu nous rejoindras quand toi.", c'est-à-dire quand tu voudras ou pourras. Elle peut aussi signifier "en même temps que" comme dans "j'arriverai quand vous !"